Lauréats de la bourse Louise Beyrand & Olivier Toussaint

Lauréate 2023 - Camille Senepin 

 

Le culte des Mères (Tín ngưỡng thờ Mẫu), aussi appelé Culte des Quatre Palais (Tứ phủ), est un culte de possession qui a été patrimonialisé en décembre 2016. Après avoir travaillé à Hanoi avec les adeptes de cette religion, il m’a semblé plus que nécessaire de s’éloigner du nord du Vietnam afin de mieux saisir les dynamiques contemporaines de ce culte. A Hué, ancienne capitale impériale, le culte est particulièrement intéressant en raison de l’association de médiums existante dans la ville, organisant et institutionnalisant les pratiques rituelles. Ces dernières diffèrent de celles présentes au nord, mais essayent de trouver leurs places au sein du culte patrimonialisé. L’ancienne capitale impériale offre ainsi un terrain doublement patrimonialisé : la ville étant inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1993, et le culte depuis 2016. Les adeptes doivent donc adapter leurs pratiques, tout en respectant une certaine forme de « traditionnalité » qu’ils cherchent à protéger. Grâce à une ethnographie longue et de nombreux documents d’archives, cette thèse cherche à comprendre les aspérités d’une pratique cultuelle loin d’être uniforme contrairement à ce que pourrait laisser croire son inscription au sein de l’UNESCO, tout en interrogeant les pratiques locales et régionales propres au Vietnam contemporain.




Lauréat 2020 - Marc-Emmanuel Grandgeorge

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Apprenant le getsogho, langue sacrée des rituels concernés, il prépare une thèse de doctorat en anthropologie sociale et ethnologie en cotuelle à l’École doctorale 519 « Sciences humaines et sociales-Perspectives européennes » de l'université de Strasbourg et au Département d'anthropologie de l'université Omar Bongo de Libreville au Gabon, sous la codirection de Pierre Le Roux  (professeur d'ethnologie, université de Strasbourg) et de Joseph Tonda (professeur d'anthropologie, université Omar Bongo). Il est membre comme doctorant du laboratoire SAGE (UMR 7363 CNRS & université de Strasbourg). Sa recherche porte sur deux sociétés initiatiques secrètes masculines encore inconnues, le bwiti assenguedia et le mwiri des Massango, dans la province du Moyen-Ogooué au Gabon, avec l'accord des officiants concernés. Elle s'inscrit à  la suite de deux pré-terrains effectués pour une durée totale de cinq mois au Gabon. M.-E. Grandgeorge prévoit également de procéder à un relevé le plus exhaustif possible du patrimoine matériel et immatériel en ce domaine dans tout le Gabon, avec des séjours prévus de quelques semaines dans plusieurs autres régions. Cette recherche est par ailleurs complémentaire de celle d’une seconde ethnographe, Eurydice Devos, appelée par M.-E. Grandgeorge à travailler en miroir avec lui, chacun sur son propre terrain, elle dans un village voisin et sur les sociétés initiatiques féminines, rares.

(pour éviter un éventuel conflit d'intérêt, le président du comité de sélection, codirecteur de la thèse de M.-E. Grandgeorge, n'a pas voté en 2020, remplacé par madame Louise Pichard-Bertaux)

Lauréate 2019 - Clara Gilbert

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Maîtrisant l’indonésien, elle prépare une thèse de doctorat en ethnologie à l’École des hautes études en sciences sociales, sous la direction de Dana Rappoport (ethnomusicologue, CNRS), et est membre du laboratoire Centre Asie du Sud-Est (CASE, UMR 8170 CNRS, EHESS, INALCO, Paris). Sa recherche porte sur la transmission d’un théâtre rituel dansé et masqué à Java (Indonésie), aujourd’hui menacé de disparition, le wayang topèng, fondé sur le mythe javanais de Panji. Cette danse rituelle est caractérisée par un ensemble de conduites spirituelles syncrétiques auxquelles sont associés des contenus philosophiques et mystiques. C’est l’une des dernières pratiques artistiques inscrite dans la religion javanaise ancienne : le kejawèn. La pratique du wayang topèng est au cœur de la question de la sauvegarde d’un patrimoine immatériel à transmission orale ici doublement mis en péril : par les transformations radicales en cours, religieuses et sociales, et, d’autre part, par la mise en spectacle à vocation touristique, avec les transformations que cela induit, de formes de théâtre et danses ritualisés traditionnels.

Lauréate 2018 - Mélanie Lercier

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Parlant le quechua et l’espagnol, Mélanie Lercier prépare une thèse de doctorat en anthropologie sociale à l’université de Rennes 2, École doctorale 604 Sociétés, temps, territoires, sous la direction du professeur Jimena Obregon Iturra, et est membre de l’Équipe de recherche inter-langues « Mémoires, Identités, Territoires » (ERIMIT, EA 4327). Sa recherche porte sur le devenir des rituels à l’épreuve des migrations récentes dans une communauté quechua des Andes péruviennes, en partant de l’étude de la communauté de Puyca dans le sud du Pérou.


Lauréat 2017 - Arthur Cognet

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Arthur Cognet est inscrit en thèse de doctorat en anthropologie sociale à l’université Lumière Lyon 2 depuis 2016, sous la direction du professeur Dejan Dimitrijevic, et est membre du Laboratoire d’anthropologie des enjeux contemporains (ADEC FRE 2002, université Lumière Lyon 2, École normale supérieure de Lyon, Centre national de la recherche scientifique). Avec la maîtrise de la langue amérindienne napo runa, sa recherche porte sur l’oralisation de l'histoire de la colonisation chez les Napo Runa de l’Amazonie Équatorienne. Elle couvre plusieurs thèmes, dont l’histoire orale, l’histoire de la colonisation, la mythologie et l’identité des Napo Runa, et tente de saisir l’imbrication de plusieurs récits du passé et registres d’histoire dans le présent de cette société autochtone. 

Des nouvelles de nos lauréats...

07/05/2021

« Nourrir et manger. Repas cérémoniels de sociétés initiatiques (province du Moyen-Ogooué, Gabon) »

par Marc-Emmanuel Grandgeorge & Eurydice Devos

Ecouter sur YouTube

Communication aux Journées d'étude internationales interdiscipinaires « Le Banquet cérémoniel. Entre archéologie et ethnologie », dirigées par Matthieu Michler (archéologue, INRAP Alsace, membre d'ARCHIMEDE UMR 7044 CNRS & Unistra), Pierre Le Roux (professeur, Institut d’ethnologie, université de Strasbourg, membre du SAGE, UMR 7363 CNRS & Unistra) et Florent Jodry (archéologue, INRAP Alsace, membre d'ARCHIMEDE), Strasbourg, université de Strasbourg, jeudi 6 et vendredi 7 mai 2021 (post-production et montage : Matthieu Michler).
Marc-Emmanuel Grandgeorge est doctorant en ethnologie et anthropologie sociale dans le cadre d'une cotutelle entre l’université de Strasbourg, ED 519 « Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes », et l’université Omar Bongo de Libreville, Gabon. Il est membre du laboratoire SAGE (UMR 7363 CNRS) et lauréat 2020 de la bourse Louise Beyrand & Olivier Toussaint. Sa thèse porte sur les sociétés initiatiques masculines liées au bwiti, ensemble rituel initiatique à but thérapeutique et divinatoire, et culte des ancêtres, axé autour de l’iboga, Tabernanthe iboga Baillon, plante hallucinogène locale), caractéristique du Gabon.
Eurydice Devos, elle aussi doctorante en ethnologie et anthropologie sociale dans le cadre d'une cotutelle entre l’université de Strasbourg, ED 519 « Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes », et l’université Omar Bongo de Libreville, Gabon, membre du laboratoire SAGE (UMR 7363 CNRS) travaille en miroir avec Marc-Emmanuel mais sur les sociétés initiatiques féminines.

07/10/2020

« Sous-homme et surhomme. Le paradoxe de l’initiation dans la province du Moyen-Ogooué (Gabon) »

par Marc-Emmanuel Grandgeorge


Communication au Séminaire doctoral  et master d'anthropologie diachronique, dirigé par Pierre Le Roux, Institut d’ethnologie de l’université de Strasbourg et laboratoire SAGE (UMR 7363 CNRS & université de Strasbourg), le 7 octobre 2020.
Marc-Emmanuel Grandgeorge est doctorant en ethnologie et anthropologie sociale dans le cadre d'une cotutelle entre l’université de Strasbourg, ED 519 « Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes », et l’université Omar Bongo de Libreville, Gabon. Il est membre du laboratoire SAGE (UMR 7363 CNRS) et lauréat 2020 de la bourse Louise Beyrand & Olivier Toussaint. Sa recherche porte depuis 2017 sur les sociétés initiatiques masculines du Gabon liées au bwiti.

08/2020

« Pluralisme religieux et arts de la performance, étude des pratiques syncrétiques de l’islam javanais au sein du théâtre masqué wayang topèng à Java Centre »

par Clara Gilbert, lauréate 2019 de la bourse Louise Beyrand & Olivier Toussaint

Pour lire l'article sur le site de l'IRASEC

Article en ligne sur le site Internet de l'IRASEC (Institut de recherche sur l'Asie du Sud-Est contemporaine, Bangkok, CNRS & ministère des Affaires étrangères et européennes). Rubrique « Retour de terrain » 





22/12/2020

« Narraciones de la Indepencia del Perú : presentación de Anaïs Vidal-Jaumary (IHEAL/PUCP) »

par Mélanie Lercier

Voir le site de l'Institut français des études andines

Depuis 2018, Mélanie Lercier, doctorante en anthropologie sociale de l'université de Rennes 2 (France), collabore à l'Institut français des études andines à Lima (Pérou), au titre de « volontaire internationale ». Sa thèse porte sur les redéfinitions identitaires en jeu dans les cérémonies festives d'un village des Andes du haut Pérou tranformées par la réforme agraire et la migration urbaine.

19/06/2020

Yaku Izhu. Transcription illustrée du mythe du déluge des Napo Runa 

par Mishqui Chullumbu, Lilas Cognet, Arthur Cognet


À découvrir ici

Depuis 2014, Arthur Cognet réalise des recherches ethnographiques sur les Napo Runa d’Amazonie équatorienne et notamment sur la manière dont ils racontent leur(s) histoire(s). Au cours de ses recherches, il a enregistré, transcrit et traduit, du runa shimi (kichwa amazonien) au français, un nombre important de ces récits. Il nous propose ici une transcription, accompagnée d’une traduction en français, d’un récit mythico-historique que racontent les Napo Runa, rapporté par Chullumbu Mishqui et illustré par Lilas Cognet, illustratrice.

27/09/2019

Journée d’étude anthropologique « Rituels festifs en Amérique du Sud : débordements, contentions et ordonnancement »

organisée à l'université de Rennes 2 (campus Villejean) par Mélanie Lercier Castelot (lauréate 2018), Théo Milin Bervas et Jimena Obregon Iturra.

Voir le programme sur Calenda.org


Cette journée d'étude a réuni différents intervenants autour de la thématique des rituels festifs en Amérique du Sud. Autour de cas contemporains de fêtes et autres festivals, leurs (re)configurations récentes ont été étudiées face à certaines dynamiques sociales. Les contextes de tourismes, de migrations, de constructions d'altérité impactent fortement les systèmes festifs et rituels de nombreux groupes sur le continent. Pour discuter de cela, trois axes ont guidé la journée : le festif comme « lien », le genre et le festif, l'« authenticité » et son usage dans le festif.
Mélanie Lercier est doctorante en anthropologie de l’université de Rennes 2, École doctorale 604 Sociétés, temps, territoires, membre de l’Équipe de recherche inter-langues « Mémoires, Identités, Territoires » (ERIMIT, EA 4327) et lauréate de la Bourse Louise Beyrand & Olivier Toussaint 2018.

11/10/2019

Conférence de Mélanie Lercier, lauréate 2018

« Eux ne sont pas du village : l’exode rural comme générateur d’altérité dans la vie festive d’un village des Andes péruviennes »

Conférence donnée le vendredi 11 octobre 2019 dans le cadre du  séminaire ethnologie et archéologies « L'Écho de l'autre. Approche interdisciplinaire » (dédié à Henri Maitre), par Mélanie Lercier, doctorante en anthropologie de l’université de Rennes 2, École doctorale 604 Sociétés, temps, territoires, membre de l’Équipe de recherche inter-langues « Mémoires, Identités, Territoires » (ERIMIT, EA 4327).

24/11/2017

Conférence d'Arthur Cognet, lauréat 2017

« L’écriture du mythe chez les Napo Runa de l’Équateur amazonien »

Voir sur YouTube

Conférence donnée le vendredi 24 novembre 2017 dans le cadre du séminaire Ethnologie et archéologies de l’Institut d’ethnologie de Strasbourg, par Arthur Cognet (doctorant en anthropologie sociale, université Lumière Lyon 2, membre du Laboratoire d’anthropologie des enjeux contemporains-LADEC, FRE 2002, univ. Lumière Lyon 2, ENS Lyon, CNRS). 

Un aperçu des terrains de nos lauréats

Deux nganga (devins-guérisseurs) s'habillant pour danser lors d'une veillée de Bwiti (Moyen-Ogooué, Gabon, Marc-Emmanuel Grandgeorge, 2019)

Nganga (devins-guérisseurs) maquillés, habillés et prêts à danser pendant une veillée de Bwiti (Moyen-Ogooué, Gabon, Marc-Emmanuel Grandgeorge, 2019)

Mbandja (temple) du maître rituel Binana, dit être le plus grand et le plus beau temple de la province (Moyen-Ogooué, Gabon, Marc-Emmanuel Grandgeorge, 2019)



Fête de Noël (ou appel à la pluie) à Puyca (Pérou), Mélanie Lercier, 2017

Rituel à l’eau - Nettoyage des canaux d’irrigation de Puyca (Pérou), Mélanie Lercier, 2018

Vue de Puyca (Pérou), Mélanie Lercier, 2018

Danse Jatilan, rituel de purification de village Bersih Dusun, village de Krebet, Bantul (Territoire spécial de Yogyakarta, Clara Gilbert, février 2020). 

Masques de wayang topèng, collection Pak Mulyono, centre de danse Kriba Beksa Wirama, Yogyakarta (Clara Gilbert, juin 2020).

Répétition collective des membres de la communauté de danseurs du centre Ndalem Pujokusuman lors lors du jour Selasa Wagé, Ndalem Pujokusuman (Yogyakarta, Clara Gilbert, février 2020).

Danseuse portant le masque de Candra Kirana (Institut Seni Indonesia Surakarta, Surakarta, Clara Gilbert, janvier 2019).

Mishqui Chullumbu, musicien et intellectuel napo runa, Arthur Cognet, 2015

 Retour de chasse avec un caïman, Arthur Cognet, 2017

Scène de travail agricole dans la communauté Akiwari, Arthur Cognet, 2017

Fête dans la communauté Akiwari, Arthur Cognet, 2019

Témoignages

"La bourse Louise Beyrand & Olivier Toussaint m’a donné de grandes opportunités de recherche, et m’a permis de pouvoir lancer mon doctorat dans les meilleures conditions, car je n’aurai probablement pas pu réaliser ma thèse sans cette aide. Grâce à elle, j’ai pu donner à mon travail une dimension réellement ethnographique. Ainsi, j’ai en grande partie dédié les deux premières années de ma thèse au travail de terrain dans le village sud-andin de Puyca et dans les villes de Lima et d’Arequipa (Pérou). J’ai également pu prendre des cours de langue quechua dans un institut linguistique péruvien afin d’apporter en qualité à mon travail ethnographique. Par ailleurs, la bourse Louise Beyrand & Olivier Toussaint m’a permis d’amortir un travail de terrain de quatre mois, réalisé dans l’attente de mon inscription en doctorat en 2018. 

Sans aucun doute, le travail ethnographique mené grâce à la bourse a fait évoluer ma thèse.

 Le projet de recherche initialement envisagé était l’étude des fêtes et rituels du village sud-andin de Puyca, en relation avec l’exode rural. Or, quatre axes de réflexion sont ressortis lors de mes terrains successifs, mêlant diverses échelles géographiques et temporelles : les rituels festifs, l’identité, la migration urbaine et la réforme agraire de 1969. 

Ainsi, bien que mon travail porte sur l’étude contemporaine des fêtes, leur rôle de différenciateur identitaire – lequel nous renvoie à l’histoire de Puyca et de ses relations sociales – nous pousse irrémédiablement vers une étude ethnohistorique. L’abondant matériel ethnographique recueilli grâce à la bourse Louise Beyrand & Olivier Toussaint m’a, à son tour, permis d’exposer les avancées de mes recherches dans plusieurs séminaires, au Pérou et en France.


La cérémonie de remise de la bourse, effectuée chaque année à Paris, et le séminaire « ethnologie et archéologies » de l’Institut d’ethnologie de Strasbourg auquel les lauréats de la bourse ont la chance d’être conviés, sont en ce sens de grandes opportunités. Ces expériences m’ont été très bénéfiques, principalement en raison des retours des étudiants et des chercheurs présents lors de mes présentations – notamment à Strasbourg, où un long temps d’échange a été possible avec le public après la conférence –, ce qui a alimenté ma réflexion et m’a permis de commencer à traiter les données de terrain. Enfin, je tiens à souligner l’investissement du comité de la bourse Louise Beyrand & Olivier Toussaint, dont les conseils destinés à nous faire produire un travail de qualité, sont réellement enrichissants."

Mélanie Lercier, juin 2020

"Grâce à la bourse Louise Beyrand & Olivier Toussaint, j’ai pu terminer dans de bonnes conditions, une période de recherche de six mois en Amazonie commencée en avril 2017. J’ai également pu réaliser un autre séjour de recherche, entre juin et septembre 2019. En outre, la sécurité économique que m’a fournie la bourse m’a permis de me concentrer durant une longue période sur l’écriture de ma thèse – que je souhaite présenter en 2021 – dans un état d’esprit serein. Je remercie l’ensemble des personnes à l’origine de cette bourse."

Arthur Cognet, juin 2020

"La bourse de recherche Louise Beyrand & Olivier Toussaint qui m’a été attribuée en décembre 2019 m’a permis de démarrer un travail ethnographique à Java Centre (Indonésie) dans le cadre de ma deuxième année de doctorat en anthropologie à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Ma recherche porte sur la transmission du théâtre masqué wayang topèng et des pratiques mystico-religieuses javanaises (kejawen) dans lesquelles elles s’inscrivent. Mon étude est envisagée dans une perspective comparative entre trois communautés de danseurs localisées dans le Territoire spécial de Yogyakarta. Mon travail de recherche en Indonésie est réalisé en collaboration avec l’université Sunan Kalijaga de Yogyakarta où j’ai enseigné le français de façon hebdomadaire à un public indonésien de février à mai 2020. J’ai également été invitée le 9 mars 2020 par la faculté Daw’ah Management de l’université à donner une conférence : « Understanding Muslim Behaviour in France », ainsi qu’à l’édition 2020 de l’International Mask Festival pour une présentation le 20 juin sur les masques européens : « Masks in the European Tradition ».

En janvier 2020, j’ai commencé une enquête avec le groupe de danse attaché au palais (Kraton) de Yogyakarta. Mon travail était divisé entre l’observation des répétitions, des entretiens avec les danseurs et fabricants de masques, l’apprentissage de la danse dans le principal atelier de danse (sanggar) affilié au palais (le centre Ndalem Pujokusuman), et l’engagement dans activités de la communauté.

Mon enquête sur les activités kejawen a été soutenue par la participation aux rituels mensuels avec des pratiquants travaillant au palais, gardiens des rites et des arts (abdidalem) ainsi que par le recueil d’ouvrages anciens décrivant les pratiques mystiques javanaises.
Fin février-début mars, j’ai posé les premiers jalons d’une enquête approfondie avec la communauté de danseurs du village de Klaten en allant rencontrer les membres du groupe de descendance basés dans la ville de Surakarta (Java Centre). J’ai également établi des premiers contacts avec les danseurs du village de Janggala (Korang Dwêt, Gunung Kidul), situé dans les montagnes au sud-est de Yogyakarta où le wayang topèng rituel occupe une place essentielle.

Les débuts de la pandémie du Covid-19 en Indonésie début mars et les mesures de prévention mises en place par le gouvernement ont cependant rendu impossible toute activité de recherche, et les trois mois qui ont suivi, jusqu’à mi-juin, ont donc été consacrés à la retranscription des entretiens et à l’étude des données récoltées précédemment. J’ai pu reprendre mes activités à la mi-juin, les déplacements étant de nouveau autorisés, bien que restreints à la ville de Yogyakarta. La situation actuelle reste cependant particulière : l’accès aux villages avoisinants est toujours interdit, la majorité des écoles de danses sont encore fermées, et les représentations programmées annulées."

Clara Gilbert, juin 2020