À l'origine de la bourse

Selon les dernières volontés d’Olivier Toussaint, qui a choisi de rejoindre sa chère compagne, Louise Beyrand, décédée tragiquement à l’âge de 27 ans en décembre 2015, et suivant l’initiative des parents des deux jeunes disparus, le Fonds Culturel Arts et d'Ouvrages a accepté d’accueillir la création d’une bourse de recherche doctorale dans les domaines de l’ethnologie et de l’anthropologie à leur mémoire. Cette bourse a pu voir le jour notamment grâce à la collaboration de Pierre Le Roux, professeur d’ethnologie à l’université de Strasbourg et directeur de thèse de Louise. L'association FCAO était un partenaire actif de l’association Mémoires du Patrimoine créée par Louise et Olivier en 2012 dont l’objet – la défense des patrimoines en danger –, rejoignait en bien des points les actions menées par FCAO. 

De la rencontre entre Julie Chaizemartin, présidente de l'association FCAO, et Louise et Olivier lors de la première journée d’étude qu’ils avaient organisés à l’École du Louvre sur le thème du patrimoine dans la guerre, est née une collaboration puis une amitié. Une collaboration qui devait se concrétiser lors de leurs journées d’étude, en 2014 et 2015, organisées à l’INHA à Paris et au MUCEM à Marseille, pour lesquelles FCAO a apporté son aide logistique. 
Plus que des partenaires, Julie Chaizemartin et Didier Dippe, membre du comité consultatif du fonds de dotation, sont devenus des amis proches de Louise et Olivier qu’ils rencontraient régulièrement pour discuter des projets en cours et à venir qu’ils souhaitaient monter ensemble dans le domaine de la préservation des patrimoines en danger en France et à l’étranger. Les actions de Mémoires du Patrimoine et de FCAO s’étaient en particulier rejointes sur le thème de la sauvegarde des manuscrits anciens de Tombouctou.

Louise Beyrand

Louise Beyrand est née le 17 mars 1988 à Moulins. Elle passe son enfance à Auxerre en Bourgogne où les richesses culturelles de la région lui donnent le goût de l’art et de la découverte du patrimoine. Très tôt, elle se découvre un intérêt particulier pour l’Asie à travers la pratique de l’aïkido et la rédaction d’articles approfondis pour un webzine spécialisé dans la culture asiatique. Surdouée, Louise suit une scolarité très brillante. Sa curiosité de tout et son envie de découvertes la mènent vers des études d’histoire de l’art à l’École du Louvre à Paris. En 2010, elle obtient le diplôme du premier cycle avec spécialité « Inde et pays indianisés de l’Asie », et le diplôme de muséologie. Puis, en 2012, un premier master 2 de l’École du Louvre consacré aux marionnettes de théâtre d’ombres khmères sous la direction de Pierre Baptiste et Dominique Jarrassé. 
 
Louise s’oriente en 2013 vers l’ethnologie et réalise un second master 2 à l’université René Descartes Sorbonne-Paris, où elle rédige, sous la direction de Serena Bindi, un mémoire de recherche approfondissant le thème du théâtre d’ombres qui fera l’objet d’un pré-terrain ethnographique de deux mois au Cambodge grâce à l’obtention d’une bourse de la fondation Pierre Ledoux-Jeunesse Internationale en tant que stagiaire de l’École française d’Extrême Orient (EFEO, centre de Phnom Penh) sous l’égide de la Fondation de France, au cours duquel Louise peut laisser sa passion des langues et de la découverte des autres cultures s’exprimer. 
 
Elle poursuit dans la voie de l’ethnologie et de la recherche et débute, en 2014, à l’université de Strasbourg, une thèse consacrée aux arts populaires traditionnels d’Asie du Sud-Est, sous la codirection de Pierre Le Roux et Michael Herzfeld (Harvard University, Cambridge, États-Unis) en cotutelle avec l’université de Leyde (Pays-Bas). 
 
Afin d’approcher au plus près des sources de son sujet de recherche, en vue de son année de terrain au Cambodge financée par l’obtention d’une bourse du Center for Khmer Studies (Siem Reap, Cambodge), elle déploie une exigence d'elle même qui lui permet de valider brillamment un diplôme de langue et civilisation khmères à l’INALCO sous la direction de Michel Antelme en 2015. 
 
Dans le même temps, le Musée de l’Homme lui confie la mission de rapporter de son terrain d’étude au Cambodge une collection de grands cuirs pour enrichir ses collections. En 2015, désireuse que le plus grand nombre puisse profiter de ses recherches de terrain, Louise verse à l’EFEO plus de 800 photographies de terrain documentant le théâtre d’ombres du Cambodge des années 1970 à nos jours. 
 
Louise et Olivier s’étaient mariés dans la région bordelaise en 2015, quelques mois avant sa brutale disparition le 24 décembre 2015, date à laquelle ils devaient s’envoler pour le Cambodge. 

Olivier Toussaint

Olivier Toussaint est né le 15 octobre 1983, à Saint-Dié des-Vosges. Enfant précoce, il se passionne très tôt pour la lecture, la littérature et l’histoire, ce qui l’amène à débuter son cursus universitaire à l’université Nancy II et à obtenir un master 1 d’histoire sous la direction de Philippe Martin. Il approfondit ses connaissances en validant en 2008 un master 2 d’histoire à l’université Paris IV-Sorbonne avec la réalisation d’un mémoire remarquable, sous la direction de Lucien Bély, consacré au rattachement de la Lorraine à la France : Les Lorrains et la fin de la maison ducale, entre fidélité et nostalgie (1735-1749).

Il a contribué au livre de Laurent Martino publié en 2009 Histoire chronologique de la Lorraine (Colmar, Éd. Place Stanislas) et a publié en 2010 un article dans le troisième numéro (p. 246-260) de la Revue d’histoire diplomatique ; article intitulé « Jean-Louis Bourcier de Montureux, du négociateur au pamphlétaire : le parcours d’un défenseur de l’Indépendance de la Lorraine (1735-1737) ». Il envisageait d’entreprendre, après la soutenance de la thèse de Louise, une thèse de doctorat en histoire sur les relations entre la Lorraine et l’Alsace après la Guerre de Sept Ans (1756-1763). Avec Louise, ils assouviront leurs insatiables envies de découvertes et leur curiosité intellectuelle au cours de nombreux voyages, jusqu’au 6 janvier 2016 où il décide de rejoindre celle dont il ne peut se passer.

Conformément à ses dernières volontés, son travail de master à été publié en 2018 aux Editions Gérard Louis à Haroué (Meurthe & Moselle). Ce livre a reçu le prix spécial 2018 des Conseils Départementaux de Lorraine. En 2019 il a reçu le prix René Paquet délivré par la Société d'Histoire de la Ville de Woippy (Moselle) - Tous les droits générés par cette publication sont reversés à la bourse doctorale Louise Beyrand & Olivier Toussaint (livre disponible ci-dessous).

Les Lorrains et la fin de la Maison Ducale. Entre fidélité et nostalgie (1735-1749)

Editions Gérard Louis (ISBN : 978-2-35763-130-4)

  • Association Mémoires du Patrimoine


Louise et Olivier créent en 2012 l’association Mémoires du Patrimoine (MdP) consacrée à la défense du patrimoine menacé dont ils assurent respectivement la présidence, et la fonction de trésorier et de community manager qu’Olivier menait de front avec son activité professionnelle au sein des éditions Auzou.


Dans ce cadre, ils organisent trois journées d’études, entre 2013 et 2015, à l’École du Louvre, à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM) à Marseille, en réunissant des spécialistes reconnus des sujets abordés. En 2014, ils participent à la sauvegarde des manuscrits de Tombouctou à travers la vente aux enchères caritative et l’opération de crowdfunding organisées par le Fonds Culturel Arts & Ouvrages.

Ensemble, Louise et Olivier développent une application téléphonique multilingue « MdP-Patrimoine en danger » consacrée à l’alerte et au crowdsourcing sur le patrimoine en danger, présentée, en 2014, à leur journée d’études à l’INHA et à l’Arizona Historic Preservation Conference à Phoenix, Arizona (états-Unis).